En 1860, la vallée de Chamonix, comme l’ensemble du Faucigny et de la Savoie, passe du Royaume de Piémont-Sardaigne à l’Empire français de Napoléon III. Grande révolution dans la vallée ? Pas vraiment.

On parle le français depuis longtemps, la vie quotidienne rurale est inchangée avec ses aléas météorologiques, les années bonnes et les disettes. Pour les échanges et transactions commerciales, on suit le cours de la rivière jusqu’à Genève : quoi de plus normal ?
En 1860, le petit âge glaciaire en est encore à son point culminant, la régression des glaces ne fait que commencer. Heureusement, pour contrebalancer cette malédiction du ciel pour les cultures, la saison d’été attire, année après année, toujours un peu plus ces anglais – sans doute un peu fous – en mal de sensations et d’exploits.

Et puis, un beau jour de septembre 1860, après une saison d’été pluvieuse à souhait, la Mer de Glace voit arriver le couple impérial…

Le voyage devait leur être agréable…
Ils seront ravis par la beauté du site, les glaciers, la neige et les habitants généreux et instruits.

Ils seront épouvantés par la route cahoteuse, tantôt poussiéreuse, tantôt noyée par un torrent, toujours pentue et terriblement dangereuse, longeant les précipices ou coupée par une inondation ayant emporté le pont de bois !

Ce voyage préludera à de multiples transformations, modernisations et changements qui, dans les années qui suivront, transformeront la vallée, et lui donneront l’ossature qui structurera son avenir : les routes d’accès, les auberges et hôtels, les rues du bourg et des villages, les guides de montagne, les sentiers muletiers et les cabanes, la protection des forêts et l’endiguement des torrents…
Une révolution, non. Un grand virage, sans doute.