Gabriel Loppé

L'homme

1825 – 1913

Gabriel Loppé, né le 2 juillet 1825, mort le 19 mai 1913, est un peintre français, photographe et alpiniste.

Il est devenu le premier étranger membre du Club alpin britannique de Londres.

Son père était ingénieur et Loppé a passé son enfance dans le Sud-Est de la France. À 21 ans, il grimpe une petite montagne dans le Languedoc et y trouve un groupe de peintres qui en esquisse le sommet. Ce jour là, il trouve sa vocation. Il se rend ensuite à Genève (Suisse) où il rencontre le leader suisse des peintres paysagistes, Alexandre Calame (1810-1864). Loppé se met à l’alpinisme à Grindelwald (Suisse) dans les années 1850 et se fait facilement de nombreux amis parmi les alpinistes anglais en France et en Suisse. Bien qu’il soit souvent étiqueté comme un élève de Calame et de son rival François Diday, Loppé est plutôt un artiste autodidacte. Il est devenu le premier peintre à travailler à haute altitude, profitant de ses expéditions et gagnant le droit d’être considéré comme le fondateur de l’école des peintres- alpinistes, qui s’est établie en Savoie (département français) à la fin du xixe siècle.

Parmi les suiveurs notables de Loppé, on compte Charles-Henri Contencin (1875- 1955) et Jacques Fourcy (1900-1991). Ils se retrouvèrent ensemble pour la première ascension du Mont Mallet (un sommet du massif du Mont-Blanc) par la voie des Grandes Jorasses de Chamonix (France), Loppé fera également plus de quarante ascensions du Mont Blanc au cours de sa carrière d’alpiniste, qui a duré jusqu’à
la fin des années 1890. Il a souvent fait des croquis à l’huile des sommets alpins, y compris un panorama depuis le sommet du Mont Blanc.

Ses peintures sont célèbres pour leur atmosphère et leur spontanéité qui vont lui permettre d’être exposé à de nombreuses reprises à Londres et Paris. En 1896, Loppé aura passé plus de cinquante saisons d’escalade et de peinture à Chamonix.

Durant ses dernières années, Loppé est pris de fascination pour la photographie et a même beaucoup innové dans ce domaine. Sa photographie de la Tour Eiffel frappée par la foudre fait maintenant partie des collections du Musée d’Orsay à Paris.

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Gabriel LOPPÉ

L'oeuvre

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Sur le chemin de la cascade des Pélerins, Vallée de Chamonix,

Non daté
Dessin à la mine de plomb rehaussé de gouache,
Format 21,5 x 14 cm
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Gabriel Loppé,

1877
Huile sur toile,
Format 75,5 x 50,5 cm
Signé en bas à gauche
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Bords de l’Arve à Carouge près de Genève en hiver,

1878
Huile sur toile,
Format 46 x 60 cm
Signé en bas à gauche
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Bords de la Thiole près de Neuchâtel en hiver,

Non daté
Huile sur carton fort,
Format 49 x 37 cm
Signé en bas à gauche

L'artiste

Gabriel Loppé – Sa vie

Rien ne prédisposait le jeune Gabriel à un avenir de peintre, ni même d’alpiniste ; son père, polytechnicien au Génie, fera une carrière militaire qui entraînera sa famille en diverses garnisons dont Embrun sera la seule en montagne !

Cependant c’est ici qu’il aura la révélation du bonheur de peindre, de « peindre en plein air », à une époque où la peinture, très académique ne se pratique qu’en atelier, il peint, dessine à loisir… Né à Montpellier en 1825, il suit ses parents pendant ses jeunes années puis, entre 10 et 17 ans reste pensionnaire à Paris pour poursuivre des études qui ne l’enthousiasment pas! Sa santé se détériore, il s’étiole et c’est ainsi qu’il rejoint sa famille au bon air d’Embrun.

En 1846 il va à Genève suivre les cours du célèbre peintre paysagiste, Diday. Il y rencontre aussi le non moins célèbre Calame. Sa vie d’artiste l’emmène à la découverte des Alpes Suisses et, par le fait, à celui de la haute montagne qui sera, tout au long de sa vie, la source de ses émotions picturales.

A la suite des évènements politiques de 1848 le père de Gabriel le prie de s' » exiler  » volontaire en Savoie (non encore française à cette époque), il s’y est révélé un trop ardent républicain !

Tombé amoureux d’une annecienne Marguerite Bachet, il l’épouse en 1851 et auront ensemble 3 enfants. La famille vit d’abord à Annecy, puis Loppé ouvre une galerie à Genève. Il ne vit plus que de son art et peut se faire, à Genève, une clientèle fortunée, internationale.

C’est à cette époque qu’il découvre Chamonix, les beautés grandioses des neiges éternelles du massif du Mont Blanc, et son désir d’y ancrer sa vie. Dans la seconde moitié du XIX° siècle Chamonix est déjà, au dire de certains contemporains, un  » grand caravansérail  » où se mêlent aux autochtones, les premiers touristes anglais, grands amateurs d’aventure et d’alpinisme. Gabriel partage avec eux ce goût d’aller marcher, sans le motif scientifique de leurs prédécesseurs, mais pour le simple plaisir de gravir une montagne encore vierge de tout refuge. Il se fait de nombreux amis parmi cette  » gentry  » britannique avec qui il randonne ; les plus célèbres seront : Alfred Wills (premier président du tout nouveau Alpine Club de Londres, qui accueillera Loppé en 1864), Leslie Stephen (écrivain érudit qui rendra hommage à Loppé dans The Playground of Europe, père de Virginia Woolf), ou James Eccles (dont il épousera plus tard la sœur en secondes noces). Grâce à eux Loppé exposera régulièrement à Londres, à l’Alpine Club d’abord, puis dans des galeries privées où ses immense toiles de glaciers bleus, ses panoramas somptueux ou ses couchers de soleil flamboyants, impressionneront un public non averti des paysages de haute montagne, il présentera même son travail à la Royal Academy. De tempérament joyeux et extraverti, ses amis aiment le voir à Londres  » où, lorsqu’il pousse la porte de l’Alpine Club le grand vent des Alpes entre derrière lui… » ! De nature résistante, il affichera 40 montées au Mont-Blanc (4 la même année !), et il y peindra 11 fois au sommet malgré le froid, la nuit tombante, et ses amis qui le pressent de descendre…Il passe une semaine au col du Géant avec sa fille, fait 2 premières : le col des Hirondelles et le Mont Mallet ! Et lorsqu’il sera trop âgé pour aller en montagne, n’hésitera pas à emmener ses petits enfants se promener à pied de Paris à Versailles, aller-retour !

Gabriel Loppé a un premier atelier à Chamonix avant 1860, puis il aura une, puis deux maisons, et une galerie d’exposition qui perdurera jusqu’en 1982, présentée par sa petite fille Madame Savine. Pendant les festivités du rattachement de la Savoie à la France, Loppé est pressenti pour intervenir auprès de Napoléon III, en voyage à Chamonix, pour améliorer la législation de la Compagnie des guides.

En 1871, son épouse meurt à Genève, et son corps est transporté à Chamonix.
Quelques années plus tard Gabriel Loppé épouse, à Londres, Elizabeth Eccles. Ils habiteront Paris, Avenue du Trocadéro, non loin de la nouvelle  » tour  » en construction.

Pendant une dizaine d’années Gabriel Loppé expose ses toiles au Salon à Paris.

Intéressé par le nouveau médium qu’est la photographie, Loppé, comme beaucoup d’artistes, se passionne pour ce nouvel art. Il réussit un cliché d’un éclair tombant sur la Tour Eiffel qui émerveillera Eiffel lui-même. Ses petits-enfants seront l’objet de nombreuses photos, très vivantes, et bien sûr il promènera aussi son appareil en montagne.

Gabriel Loppé vécut jusqu’à l’âge de 88 ans, et meurt à Paris le 19 Mai 1913.
Sa vie fut celle d’un artiste reconnu et admiré et s’il fut oublié c’est que le courant impressionniste a balayé l’art du paysage tel qu’il était pratiqué par les peintres réalistes ; néanmoins il demeure un précurseur du paysage de haute montagne et de contrées infinies.

L'incendie

Incendie de la Salle Michel Croz

Le 15 février 1999, le feu se déclara vers 22 heures 55 dans les combles de la salle Michel Croz au centre de Chamonix. Deux tableaux de la collection Loppé présentés à l’entrée de la salle ont été complètement détruits.

Du fait de la proximité de la salle Michel Croz et du Musée Alpin et en particulier de la salle d’exposition des oeuvres de Gabriel Loppé, celle-ci a été totalement détruite et de nombreux tableaux ont subi de très importants dégats comme en témoigne ces photos.

La restauration des tableaux de la collection Loppé

Un énorme travail de restauration a été entrepris. Au centre le tableau de Chamonix en hiver en place avant l’incendie. à gauche, le tableau après l’incendie et à droite le même tableau après restauration.

Chute de la mer de glace depuis le Chapeau.

1890, Huile sur toile Format : 73 x 55 cm
Restaurateur : Atelier Toussaint – Lyon.
Les différentes phases de restauration du même tableau et le résultat final.

Remerciements

Remerciements à Marie Noël Borgeaud

Nos remerciements à Marie Noël Borgeaud qui a activement participé à la création de cette page sur Gabriel Loppé.

Vous pouvez vous procurer son ouvrage sur Gabriel Loppé, paru en novembre 2002, dans toutes les bonnes librairies ou sur le site de l’éditeur Glénat nous rappelons ci-après les références de l’ouvrage.

Gabriel Loppé – Peintre, photographe et Alpiniste – par Marie Noël Borgeaud ISBN : 2723439860 – Hachette : 7372873 – EAN : 9782723439862

Marie Noël Borgeaud nous a quittés début février 2009 à la suite d’une longue et douloureuse maladie.